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Petits Riens de Mme de Graffigny


« Adieu donc. La poste va partir. Je t’embrasse vivement. écris-moi de bien longues letres qu’au moins je parle ma
langue un quart d’heure trois fois la semene. »

Ces quelques mots jetés sur le papier pour son ami François Devaux expriment probablement la secrète quintessence de la correspondance de Mme de Graffigny.
En écrivant ses lettres à la hâte et sans formalités, l’épistolière semble vouloir retenir le plus longtemps
possible le souvenir de son beau pays appelé à disparaître, la Lorraine.
Jetée sur les routes de l’exil à 43 ans, par le traité de Vienne, elle n’a pas d’autre choix pour survivre que
d’adopter la langue et les coutumes d’un pays étranger, la France.
Résolue à s’en sortir malgré les nombreuses épreuves à surmonter, sa difficile ascension vers un succès
littéraire incertain ressemble à une odyssée.
Cachant ses blessures derrière le masque de la comédie pour rassurer et amuser ses amis, elle n’a pas
assez d’une langue pour leur raconter ses aventures :
« Je les verai et je leur dirai. […] mon Dieu, tout ce que je leur dirai ! Je crois qu’il me faudroit deux langues, jamais
la miene n’y suffira. »

Le charme de ces lettres écrites il y a 260 ans opère toujours et nous emporte dans un autre temps, celui
d’un « paiis perdu ».

 

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